Milim News

Milim, les petites histoires qui font la grande

Si on posait les bonnes questions à nos proches pendant les fêtes?

19 décembre 2022 | Partager ce numéro

À première vue, la mission semble facile. Profiter d’un repas de fête pour poser les questions qu’on ne pose jamais, et essayer de retracer l’histoire familiale. Pourtant, le moment venu, les mots ne sortent pas, ni d’un côté ni de l’autre. Pourquoi est-il plus facile de raconter ses dernières vacances que d’interroger son grand-père sur sa jeunesse? Et pourquoi ce dernier préfère-t-il répondre par un évasif «Tout allait bien à l’époque» que de livrer un ressenti plus nuancé? Probablement parce que toutes les familles charrient leur lot de non-dits, qui, au fil des ans, s’accumulent et constituent un barrage invisible face au flot de paroles.

On se dit qu’on a nos proches sous la main et qu’on peut les questionner quand on veut, mais les années passent et on continue de se raconter les dernières vacances plutôt que d’aborder les sujets de fond. On se dit que de toute façon, on connaît les grandes lignes de la généalogie et que la reconstitution sera facile. Et un jour, on réalise qu’on avait une liste infinie de questions et qu’il n’y a plus personne pour y répondre. Et si cette fois, on essayait de forcer la porte? Quitte à resservir une tournée générale de champagne pour donner du courage à tout le monde? En plus, ça peut faire une excellente motivation pour enfin aller à ce dîner sans traîner des pieds. Et qui sait, amorcer un projet de transmission pour la nouvelle année qui arrive…
Bonnes fêtes!

Elisa Azogui-Burlac & Myriam Levain

La sélection Milim

L’histoire traverse nos peaux douces, Christine Bard (Ed. iXe)
Dans cette trilogie, l’historienne Christine Bard, spécialiste de l’histoire des femmes et du genre, se fait l’historienne des trajectoires familiales et de son vécu personnel. Dans ce premier tome, Jack, elle brosse un portrait complexe et tout en nuances de son père, fils d'ouvrier du Nord, instituteur et poète.

L’Arabe du futur, tome 6, Riad Sattouf (Allary)

Riad Sattouf réussit ce tour de force, en ne parlant que de lui et de son enfance, de nous renvoyer constamment à nous-mêmes. L’Arabe du futur soulève de nombreuses questions très profondes autour de l’identité, la violence, la sexualité et les liens familiaux mais ces questionnements restent en suspens, ils ne se lisent qu’entre les lignes et deviennent au long de la lecture des quêtes intimes du lecteur plus que de l’auteur lui-même. Ruez-vous sur le tome 6 qui vient de sortir!

Récits d’Algérie, Farah Kodja (Faces Cachées)

Entremêlant histoires intimes et grandes dates historiques, Récits d’Algérie souhaite apporter un regard intime et renouvelé sur un sujet encore tabou. Avant d’être un livre, Récits d’Algérie est un projet collaboratif et intergénérationnel visant à collecter et transmettre les mémoires de personnes ayant vécu la guerre d’indépendance algérienne.

Le podcast: Vous êtes bien chez Sophie (Arte Radio)

Dans les années 90, Sophie Simonot avait un répondeur à cassettes typique de la décennie. Obsédée par le temps qui passe, elle a gardé toutes les cassettes de longues années… jusqu’à en faire un podcast. A l’aide de ses bandes, elle reconstitue son quotidien d’étudiante via tous les messages qu’on lui a laissés à l’époque, ce qui donne cet ovni audio à la fois nostalgique et drôle.


Milim sur RCJ: 
l'héritage juif chez les jeunes

Le 28 novembre dernier, nous étions invitées sur RCJ dans Le Lunch by Noé pour parler de transmission et d’identité juive chez la jeune génération, aux côtés de Jonas Pariente, du Grandma’s Project, de Jonas Bellaïche, du FSJU, et de Jérémie Jaoui, des Petits Grands Films. 


On publie vos histoires sur Instagram

Envoyez-nous les photos de famille que vous aimez et nous partagerons vos témoignages sur nos réseaux sociaux. 

«Sur cette photo, mon père Liêm a 19 ans. Il est au camp de réfugiés de Phanat Nikhom, en Thaïlande, depuis quelques semaines. Il y vit avec sa grande sœur et il y a retrouvé son père après deux ans de séparation. Il apparaît très amaigri mais souriant, car depuis son arrivée, il a enfin de quoi manger et se laver correctement. Il a passé les six derniers mois dans la jungle, à dormir sous une bâche en plastique. Mais à Phanat Nikhom, c'est différent. Il y a des baraques en béton, une épicerie et aucun risque de sauter sur une mine. Il ne sait pas ce qu'il se passera ces prochains mois et il s'en fout. Il est simplement soulagé d'être là. Mon père a beau être un de ces réfugiés vietnamiens dont on parle de façon larmoyante dans les JT du monde entier, il n'en reste pas moins un adolescent qui veut plaire. Malgré les poux, qui font des ravages dans le camp, il a gardé les cheveux longs et s'est empressé d'acheter un jean dès qu'il en a eu l'occasion -un article quasi-impossible à trouver dans le Viêtnam anti-américain de 1980. Pour mieux marquer son identité cham, une minorité musulmane du Cambodge et du Viêtnam, il l'a décoré d'un croissant de lune et une étoile et y a inscrit la mention "ISLAM". Cette photo est l'unique cliché qu'il a gardé de sa jeunesse. Pour ne jamais oublier ce par quoi il est passé, elle est imprimée au début du livre que je lui ai dédié.» Émilie Tôn

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